Petits portrait de grands oubliés

Gerry McNeil

Grand talent, mauvais timing

Le petit Gerry McNeil est probablement le gardien le plus dominant de l’histoire de la LHSQ. Il guide les Royaux à la Coupe Allan en 1947, année où il est nommé meilleur joueur de la ligue. McNeil occupe plus tard le poste de gardien titulaire du Canadien pendant quatre saisons. Il succède à une légende : Bill Durnan. Blessé, il cède sa place à Jacques Plante, qui deviendra aussi un gardien légendaire.

Jacques Locas

Le successeur de Maurice Richard

Phil Séguin, de La Patrie, l’annonce comme « le futur Maurice Richard » en 1947. Jacques Locas est une machine à marquer dans la LHSQ. Après une première saison prometteuse avec le Canadien, il se blesse gravement au camp d’entraînement. « Bill Head [soigneur du CH] m’a dit que j’étais guéri, que je me faisais des illusions, et il a ajouté que je devais aller rejoindre le Canadien dans l’Ouest », avait raconté Locas au magazine Les Sports. Locas a obéi à l’état-major. A suivi une cascade de blessures dont il ne s’est jamais remis.

Larry « King » Kwong

Premier Asiatique de la LNH

Déçu de sa courte expérience dans la LNH, Larry « King » Kwong rejoint les rangs des Braves de Valleyfield en 1948. Il remporte le titre de joueur le plus utile à son équipe dans la LHSQ en 1951. Lester Patrick et les Rangers de New York voyaient en Kwong un espoir pour le grand club et, aussi, un moyen d’attirer la clientèle du Chinatown new-yorkais. Après trois saisons dans les filiales des Rangers, Kwong obtient finalement la chance de disputer une partie dans la LNH. Au Forum de Montréal en prime. Il doit attendre jusqu’à la 3e période pour sauter sur la patinoire contre l’équipe de Maurice Richard. Ce sera son unique apparition dans la LNH – moins d’une minute pour celui qui est devenu le premier Asiatique à évoluer dans la LNH.

Howie Morenz Junior

Fils d’une légende

Howie Morenz junior a 10 ans en 1937 lorsque son légendaire père meurt des suites d’une blessure subie sur la glace du Forum. Le petit est doué. Il se joint aux Royaux en 1947. Le Canadien a retiré le numéro 7 de son père et affirme que seul Howie junior pourra le porter. La presse se réjouit à l’idée de revoir un Morenz dominer la LNH. Le Canadien l’envoie poursuivre son apprentissage au Texas, loin des reporters montréalais et de la pression. Il y subit une grave blessure à un œil et ne remplit jamais les attentes démesurées placées en lui.

Punch Imlach

Béliveau ouvre les portes

Après avoir joué pour les As de Québec pendant quatre ans, George « Punch » Imlach dirige l’équipe pour trois autres saisons, qui seront les plus fructueuses de l’histoire de la concession. La présence de Jean Béliveau dans l’alignement y contribue largement… Les succès d’Imlach avec les As l’amènent à la barre des Maple Leafs de Toronto, avec qui il remporte quatre Coupes Stanley.

Jacques Plante

Sortir des sentiers battus 

Jacques Plante est un pragmatique. Il aime jouer au hockey, mais il est asthmatique : il devient donc gardien de but. Ses défenseurs ne sont pas très bons : il innove en sortant de sa cage pour contrôler la rondelle. Lassé des points de suture : il réinvente le masque de gardien de but. Plante dispute quatre saisons avec les Royaux avant de se joindre au Canadien, avec qui il remporte six Coupes Stanley, devenant un des plus grands de l’histoire.

Marcel Bonin

Un coup de poing de 11 000 $

« Je n’étais pas le plus gros, mais j’étais fort. Mon rôle était d’aller chercher la rondelle dans les coins pour la refiler à mes coéquipiers… et de les protéger ! » Ainsi se définissait Marcel Bonin, dit l’ours de Joliette. Les As de Québec disputent une partie hors concours aux Red Wings de Detroit quand la bagarre éclate entre Bonin et la vedette des Wings, le robuste Ted Lindsay. Le jeune Bonin l’étend raide sur la glace d’une percutante gauche. Puis il réserve le même sort à Vic Stasiuk. Ces deux K.-O. valent un contrat de deux ans et de 11 000 $ à Bonin, qui se joint aux filiales des Wings.

Gilles Dubé

La chance du roi de Sherbrooke

Meilleur marqueur de la LHSQ en 1955, Gilles Dubé a évolué pendant dix saisons dans cette ligue, dont sept à Sherbrooke, sa ville natale. Habile marqueur qui ne détestait pas le jeu rude, Dubé a eu un bref essai de 12 parties avec le Canadien. En 1953-1954, il dispute deux parties des séries éliminatoires avec les Red Wings de Detroit. Comble de chance, les Wings remportent la Coupe et Dubé voit son nom gravé sur le précieux trophée aux côtés de celui de Gordie Howe.

Rosario « Kitoute » Joannette

Un monument de la LHSQ

Rosario « Kitoute » Joannette est un joueur flamboyant et charismatique qui marque régulièrement 20 buts par saison dans la LHSQ. Il joue dans la ligue durant 13 saisons (principalement avec Valleyfield), un record. En 1944-1945, il remporte le championnat des marqueurs avec 101 points en seulement 39 parties. La performance de l’élégant moustachu lui vaut un essai de deux parties avec le Canadien. Kitoute préfère l’offre de Valleyfield à celles du Canadien et des Red Wings. Mieux vaut être roi d’un petit royaume que valet d’un grand.

Toe Blake

L’école du coaching

Après avoir été la vedette offensive du Canadien, Toe Blake accepte le poste de joueur-entraîneur des Braves de Valleyfield. Il assemble rapidement une très bonne équipe, qui remporte le championnat de la ligue en 1950-1951. Le succès s’estompe et Toe Blake abandonne temporairement le hockey. Malgré cela, lorsque l’entraîneur Dick Irvin est congédié par le Canadien, Blake est l’homme de Ken Reardon, bras droit de Frank Selke. Le flair de Reardon paye, et Toe conduit l’équipe à sa plus grande époque : 8 Coupes Stanley en 13 saisons.

Roger Léger

La chance ne passe qu’une fois

Solide gaillard de la région de Mont-Laurier, le défenseur Roger Léger joue quatre saisons avec le CH dans les années 40. Il devient ensuite joueur-entraîneur des Cataractes de Shawinigan, qui remportent le championnat de la ligue en 1954-1955. Sous son impulsion, une étroite collaboration entre les Cataractes et le Canadien se noue. Le bras droit de Frank Selke, Ken Reardon, devient le directeur des Cataractes, qui développent de très bons joueurs pour le Canadien, comme Claude Provost ou Jean-Guy Talbot. En 1955, la presse francophone voit une course à la succession de Dick Irvin au poste d’entraîneur du Canadien entre Toe Blake, Billy Reay et Roger Léger. Léger est manifestement leur favori. La direction, elle, choisit Blake, qui marquera l’histoire.

Claude Robert

Rébellion

Après une saison de 31 buts en 60 parties avec les Saguenéens de Chicoutimi, Claude Robert se joint au Canadien en 1950-1951. Il dispute 23 parties avec le grand club, mais n’enfile qu’un seul but. Il revient dans la ligue senior avec les As de Québec sous le règne de Punch Imlach. Son rendement ne s’améliore guère. Il blâme son entraîneur Punch Imlach, unilingue anglophone. « Un exemple doit être ajouté à la liste déjà longue des injures et des affronts que notre petit peuple endure depuis deux siècles de la part de l’ennemi anglais qui nous côtoie, pour ne pas dire nous écrase ! », déclare Robert au magazine Les Sports. Lors de son séjour avec le Canadien, il rétorque à son entraîneur Dick Irvin que l’angle qu’il a sur le banc l’empêche de compter…

Fred Skippy Burchell

Trop petit (sic)

Le petit attaquant montréalais Skippy Burchell n’a que 17 ans quand il mène les Royaux juniors à la finale de la Coupe Memorial. En 1950-1951, il amasse pas moins de 124 points en 45 parties avec le National. Il termine sa carrière junior en coiffant l’illustre Jean Béliveau au classement des marqueurs. Si Burchell semble avoir le talent de Béliveau, il est loin d’avoir son gabarit, atout primordial pour atteindre la LNH. Il ne dispute que quatre parties avec le Canadien. Burchell restera un joueur dominant pendant plusieurs saisons au Québec.

Razzle Dazzle

Le meilleur trio de l’histoire de la LHSQ

En 1941-1942, l’offensive du Canadien est en panne. Les Royaux alignent un trio ultra-rapide qui fait la pluie et le beau temps dans la LHSQ : la Razzle Dazzle Line (Pete Morin, Buddy O’Connor et Gerry Heffernan). Le trio complet est acheté par le Canadien et continue de livrer de bonnes performances au niveau supérieur. Pete Morin s’enrôle dans l’armée la saison suivante, et la Razzle Dazzle ne sera plus jamais réunie. Échangé aux Rangers, Buddy O’Connor devient une vedette et remporte le trophée Hart en 1947. O’Connor a été intronisé au Temple de la renommée du hockey en 1988.

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